L'important, dans la vie, c'est d'avoir un beau chapeau.
Allaité comme à l'automne (1997)
Cet exercice unique a été une mûrisserie. Je parle de ce petit projet, en son temps, à Arnaud Daval, qui me conseille de le coudre. J'évite le fil rouge.
Il y aura eu de rares lecteurs, une maison d'édition fantôme "la Diva du bocage", quelques dessins à l'encre de Chine. Entre une pince à vélo et une ponce à vélin, je ne choisis pas : sur la selle, je fixe la casquette de l'aïeul, j'écris sans les mains, je freine après le mur, les yeux dans un jeu de ruines, je caresse les bœufs sous la bruine.
Arnaud ne doit pas s'en rappeler. J'ai fini par tout ficeler. Longtemps introuvable, il le sera toujours. En 2000, certains de ces textes se retrouveront dans La saison des puits.
Allaité comme à l'automne (extrait)
On s'autorise parfois
Des jugements hâtifs.
C'est souvent le propre
Des gens d'une grande lenteur.
Pris de vitesse,
Ils improvisent.
La saison des puits (2000)
Ces textes sont issus, pour la plupart, de petits fanzines (Méninges de printemps, Le flocon et l'ivresse, L'appui et le beau temps, Le monocle de mon oncle, La fourrure de vivre) parus chacun à un rythme annuel (fichtre !) depuis 1993 (pour les plus anciens) et distribués gracieusement de la main à la main, parfois avec une Marianne en sus quand la géographie l'impose. Pour les photos et la mise en page, Julien Mellano cramponne les manettes avec des guest stars de choc : Charlotte Blin, Karine Legrand, Olivier Mellano et l'énigmatique Grimm 00 (chacun pour des visuels et/ou photos). L'écho texte/photo détermine la combinaison ou non des deux : une espèce "d'écho-graphique" : voir ce que l'on a dans le ventre, sous le nombril, voire peut-être même sans... Après une réédition dans la foulée et un petit passage sur une table d'Alphagraph (Rennes), un nouveau projet allait poindre quelques années plus tard...
La saison des puits (Extrait)
La glace
Par brises,
La glace
A vents,
A la crinière
Du froid,
Un chien polaire
Attend,
En prend,
En laisse
Sur la banquise
Arrière.
Je ne suis pas un héron (2007)
...Cinq années ont passé, un nouveau travail émerge. Julien Mellano m'envoie des photos dont je m'inspire. Cependant le travail s'est resserré sur nos travaux photos respectifs, mes écrits et les quelques années qui ont filé, avec chacun nos approches et expériences de la vie, l'un souvent sur les routes, l'autre sur les ponts. C'est en avril 2007, que sort au forceps "Je ne suis pas un héron". L'association texte/photo n'est plus systématique, histoire de ne pas noircir pour noircir et d'éviter la position du cireur touché.
Je ne suis pas un héron (extrait)
Léopold
S'égare,
S'endort.
Planète pliante (2008-2012)
Rémi Arbeau, photographe de son état, me relance dans un nouveau projet baptisé "Planète pliante". Début avril 2008, Julien Mellano montre le bout de son nez.
Les choses avancent à pas menus ; j'observe, note de bons mots (comme la pièce à double face). Je laisse mûrir les fruits de la corbeille. Je trouve que les mots perdent trop vite leurs accents, à moins que je ne rêve et en invente et suis contraint alors, de les supprimer, quand le correcteur d'orthographe me souligne la chose. Au mois de juin 2008, Julien me parle de vacances qui n'en finissent pas d'arriver et m'envoie une nouvelle photo, de(ux) grenouilles ou crapauds à identifier (ou pas), les laisser dire. Il y aura bien une place pour elles, pour des marais ou en finir... J'envoie des photos à Julien qui écrit des textes : inédite collaboration croisée... En septembre 2008, après une escapade à Arles, Rémi me fait parvenir trois photos, je m'y attèle.
En décembre 2008, les voix se sont perdues. Mais il n'y a de crise qu'économique, pour le reste nous savons qu'il suffit de soulever une pierre pour retrouver le monde. Quelques textes supplémentaires ont vu le jour, d'autres sont à l'étude voire à l'étuvée. J'ai raconté Arles que je ne connais pas. Promis Rémi, je m'y replonge...
Voilà, nous sommes en février 2009, le chevalier noir a un texte, après des mois de mystère. Je casse la boite qui préservait le visuel sombre et comme synonyme d'un lourd passage. La plume est encrée de noir, l'herbe aussi, portée par un vent dont on ne sait jamais s'il amène finalement pour finir le chaud ou le froid. Même, si on s'en doute.
Le vendredi 6 mars 2009, à l'aube, affairé à tout autre chose, je reçois une photo de Monsieur Mellano : un chien en pleine sieste... Quelques instants plus tard, je rends ma copie ; corrigée depuis...
Samedi 4 avril 2009, je fouille dans le sac à clichés de Rémi et j'en ressors cette petite photo d'un sol taché, je m'y attelle.
Voilà, le jour est arrivé ! J'ai promis que du 14 au 24 avril 2009, je mettrais en ligne un texte et une photographie par jour, dont acte.
Il faut bien reprendre un peu de vie et une nouvelle année au compteur, bientôt l'horizon ?
Nous sommes à la mi-mai, Corinne Lenormand, voyageuse impénitente, exposant jusqu'au 16 mai 2009 un regard sur le Vietnam à Montmorency, me propose trois photos toute fraîches de Palerme. Magnifique surprise ! Je m'y penche.
J'attends d'autres clichés promis par une autre vieille connaissance. J'en reparle très vite.
Finalement, le samedi 16 mai au lever, ce sont d'autres clichés qui me parviennent, du nouveau monde, le voilà l'horizon...
Je crois que le projet "Planète pliante" prend tout sons sens : de nombreuses et nouvelles photos me sont proposées, toutes issues du Danemark et du Bangladesh. C'est à Owen Beuchet que je dois ce présent ; qu'il en soit remercié.
Voici Tanguy Laurent, oncle d'Owen et Gwen, qui, au matin du 30 mai, me propose d'ouvrir ses albums. Ce sont les branches d'un seul arbre, des reflets chargeant l'œil de faire des choix, farçant les lois des lieux à se perdre, à se reprendre par d'autres mots, les mêmes mais tout retournés, prêts à l'emploi pour un tournoi d'une autre ampleur dans un village aux étranges boutons, de flammes-troncs en trame de fond et d'étranges chevaliers de nuit contournés, puis soulevés par des lumières en fer de lance.
Décidément, le samedi m'apporte toujours son lot de photographies. Julien Mellano en représentation à Bangkok me fait, à son tour, ce grand plaisir.
A la mi-juin, Tanguy et moi parlons dyslexie tandis que Corinne revient de Londres. Sous le vent, d'une main, je sors l'encre et déverse.
La vie est étonnante.
21 juillet 2009 : de retour pour quelques heures, je refais les tapisseries. Bonne visite.
4 août 2009 : Reprise... Voilà un nouveau texte musical de quelques lignes pour accompagner une photo bretonne.
9 août 2009 : Aujourd'hui, je "joue" le Capitaine Fracasse et dois donc faire vite. Un voilage a été tendu juste derrière l'accueil pour vous parler d'Inde. Le canal Saint Martin s'est rappelé hier à moi après des années d'absence, mais sans grandes lumières. Nous verrons bien.
12 août 2009 : Mon œil (les deux, chacun à leur tour dans l'objectif) et ma main sont malades de détails et font me rappeler des couleurs, des tissus, des doigts de pied, des gauchers, quelques droitiers, des marches, des passages, des arbres (que l'on disait secrets jusqu'au jour où d'autres enfants les ont occupés mais à d'autres heures, ce qui programmait notre secret et le maintenait hors d'eau et le rendait possible mais suspendu) et cette caisse pleine de papiers que nous avons enfouie. Voilà pourquoi je photographie et j'écris : pour ne pas oublier que je disparais peu à peu.
14 août 2009 : C'est officiel, le bureau, actuellement en travaux, ouvrira grand ces portes courant septembre avec un invité historique !
20 août 2009 : On susurre qu'une bibliothèque serait en préparation...
28 août 2009 : Planète pliante s'approche tout doucettement des 100 textes. Peut-être faudrait-il penser à sortir le fil et l'aiguille ?
1er septembre 2009 : le bureau va bientôt ouvrir. Un peu de patience... De nouveaux éléments dans quelques jours...
10 septembre 2009 : depuis quelques jours en catimini le bureau est ouvert. Je garde un pied pour retenir la porte.
13 septembre 2009 : j'ai l'honneur et l'abordage de serrer la louche de Nicolas Premier dans un rêve haut en couleurs où je ne manque pas de lui assurer que j'ai repris le vélo grâce lui. Ma taille le perturbe. Il ne me croit pas. Je me baisse, prétextant chercher, à terre, une clé à mollets. On me taille un ravin, j'éteins le réveil.
20 septembre 2009 : journée du parti moine avec une lecture insolite et un piano, un court-métrage et une expo d'ancestrales cartes postales. L'écriture devant, derrière, sur les arêtes, irons nous jusqu'à (m)éditer sur les sommets ? Nous nous en sortons, finalement, avec les zoneurs, bien contents...
24 septembre 2009 : Gwen Beuchet, également du parti moine, nous fait un plaisir : la Bulgarie en images... Je prends les bancs blancs. J'y reviendrai, c'est certain...
3 octobre 2009 : je rencontre Bruno Chevillon tôt (très), ce matin, ligne 4. La contrebasse posée sur l'épaule, nous embarquons ensemble.
Puis, il a fallu se lever à nouveau et poursuivre chacun sa ligne. La vie est une petite roulette.
24 octobre 2009 : nous rentrons dans une pièce qui reprend corps à chaque exposition. Nous sommes en octobre : des visages comme des miroirs qui renvoient en soi, des visages non formés qui interrogent, pas comme de maigres mirages, mais comme une seule ombre qui fouille, tourne et retourne mille fois les toiles avec toujours cette histoire : l'enfance qui n'en finira jamais de se rappeler à nous, sa lumière et la porte que nous n'osions pas ouvrir. Nous voilà, à nouveau, dos au mur.
30 octobre 2009 : deux rencontres, durant la semaine écoulée, qui vont compter : Luc Spencer pour un déjeuner et Etienne Orsini pour un fonds de photos très intéressant dont nous reparlerons très bientôt dans Planète Pliante et un texte étonnant : Un brasier de flocons.
2 novembre 2009 : voici la première photo habillée de jaune d'Etienne Orsini. Où est-on ? Où en est-on ? Chaque photo est désormais référencée dans un nouvel onglet : encart de crédits.
10 novembre 2009 : Tanguy Laurent nous laisse ouvrir un nouvel album, celui de Guignol. Le rire de l'enfant place l'écriture dans un cœur sans écrin : il désarme l'adulte qui cherche à se souvenir. Petit clin d'œil, Tanguy signe maintenant Luc'Hadenn...
28 novembre 2009 : C'est heureux ! Rémi Arbeau (photographe), un des initiateurs du projet Planète Pliante se montre à nouveau avec des clichés pris du côté de la Butte aux Cailles.
De retour de Bastia, Etienne Orsini livre Bastia et son port en reflets. Je retournerai bien marcher dans ces montagnes tout en longeant l'eau.
12 décembre 2009 : Tant de journées ont passé avec et sans nous. 2009 était un nombre intéressant et fécond. Il nous faut maintenant, dans l'entreprise d'une éventuelle publication de Planète Pliante, s'ouvrir aux propositions, à vos avis, à vos réseaux et surtout ne rien négliger. Ce sera l'un de mes vœux pour 2010.
20 décembre 2009 : Chercher la lumière et ouvrir le sac, sans le vider. Aucune raison pour cela. La neige calfeutre le sol, laisse loin les agitations, invite les hésitations à s'ensevelir, à réapparaître plus faibles, encore plus belles.
27 décembre 2009 : Une bonne journée de 36 heures (sommeil compris) pour rédiger un texte promis aux Cahiers du Sens, en espérant que cela se fasse.
28 décembre 2009 : Je me régale de cette nouvelle livraison de photographies de l'ami Tanguy Laurent. Je ne résiste pas à la tentation et me prends le baiser.
5 janvier 2010 : Nous attendons la neige et ses paysages d'enfance.
19 janvier 2010 : Il y a cet homme sur le toit qui fixe au loin. Et nous sommes en face.
24 janvier 2010 : Janvier a le secret de ces journées qui ne commencent que si, et seulement si, on se décide à ouvrir la porte. Le corps est bien la pièce ultime.
1er février 2010 : Je ne me résous pas à plier cette petite Planète. Je vais le faire en plusieurs fois pour m'en affranchir. Bientôt dans la boîte ?
Confirmation : Les Cahiers du Sens édité par Le Nouvel Athanor me font l'honneur de publier certains de mes textes : parution en juin 2010.
2 février 2010 : Même si je le voulais, je ne le pourrais pas... Je ne peux charger de photos sur Le Monocle : les aléas des jours adverses. Laissons reposer la pâte.
6 février 2010 : Depuis la cour, j'entends les voix monter du marché. Je me rappelle de l'émoi du vacher à faire le tour du cadran.
12 février 2010 : Je rêve d'un soleil italien et d'un antibiotique à prise unique.
21 février 2010 : Je cherche l'ombre du matin, celle qui fait que le repos est devant et souffle que la marche éloigne les reproches, ceux que l'on se fait à soi-même.
26 février 2010 : Je corrige, j'efface, je reviens, pour finalement préférer prendre le vent.
6 mars 2010 : Inventaire de fin de marché : une patte de poulet au sol, des framboises écrasées, un enfant dans une poussette , en plein soleil d'hiver, et un grand-père la tête dans les cartons ; l'heure est à l'espoir et quelques pommes de terre.
9 mars 2010 : L'or est grave. Il me faut concrétiser l'éclipse progressive de ma petite planète pliante pour deux nouvelles expériences autour de la voix (à retrouver très prochainement dans le bureau de Mon Oncle et l'écriture de ma petite valise, à destination de notre chère jeunesse...). Je reste à l'affût des images et de possibles textes (pour la planète), mais je m'ouvre d'autres espaces.
20 mars 2010 : Qui est celui qui pose ces fleurs chaque jour sur ce bord de fenêtre ? Par de mur autour, passé l'âge de ces petites nécessités. Je guette mais en vain.
23 mars 2010 : Étienne Orsini inaugure les nouvelles productions écrites (ou non) dans le bureau de Mon Oncle autour de la voix. Corinne Lenormand me fais parvenir des photos d'Inde. Tanguy Laurent me demande, à l'occasion, de saluer Mr Maxence du Nouvel Athanor, et me laisse en signature une superbe photo de toits parisiens qui clôture Planète Pliante. Avis pour vos yeux : les prochains clichés seront disposés dans quelques jours en dessous de la Planète Pliante pour un nouvel opus. Titre provisoire : La libellule du lendemain. L'ordre des photos et textes de La Planète Pliante vont commencer à être bousculés sur cette même page. Mise en forme oblige.
Planète pliante (2008-2012)
La muse emplit
Et boucle ses valises,
Ne laissant échapper
Que mouches et buses
De ses vocalises.
Le miroir compte l'heure et les revers
En silence, comme personne.
Qui, au calme, empaille les cœurs des affolés du dernier train ?
Mon temps n'a fait qu'un sourd.
Fixer une vache au vent, à l'heure du thé,
A la langue facile, bien pendue mais râpée,
La méthode à missiles à portée de main,
Tout un art, hacheur de temps,
Un dos large, une tache de sang.
Seules les âmes sœurs sans cible
Savent se tenir. Les autres choient.
Ravalé, contenu,
Mais après ?
La vie continue.
Et avant ?
La perte probable de mon gant
Dans l'avenue de Verdun,
Me fait dire que je pourrais bien,
Un jour, perdre la main.
L'étrange étreinte du temps finira bien par marquer les peaux de bas en haut. Cette nuit est peut-être la dernière, mais n'ayant pas eu de début, elle n'accrochera pas non plus le rideau. Et qui alors bientôt, de nos pieds ou de notre tête verra encore le jour ?
Il me semble possible de coter en bourse des leurres de vachettes, à la condition expresse, je pense, de courser en bottes leur échelle de valeur.
Ce regard inquiet qui me cherche, ces lèvres salées qui vont me trouver, peut-être. La fatigue m'éloigne un temps.
Le train laisse sa dernière gare derrière lui. Tubercules parmi d'autres, je ne dépasse presque plus ; juste un peu la tête, et encore... Allée de Sèvres, mon chapeau finit par m'échapper. Je lève le nez, et à nouveau, fends la foule.
Partant du mince indice que l'on a de l'après, mieux vaut embarquer sonder les eaux, même troubles, entre la pince et la perche ; finir par dégager l'idée maîtresse que l'on ne peut parfois rien contre une petite trempette sous un crabe et relever sur un carnet tout autour des spirales que les absents ont toujours corps.
Un café ouvert par habitude, un chien tatoué erre, gémit, une mouche que la queue écarte, la nuit comme une prison dorée : des amandes, des prunes pas tombées dans l’oseille d’un four. Des jours que l’on abat depuis des mois, en attendant que l’on sorte la carte que l’on perd, las de trêves, en croix les bras, pas les doigts.
Qui trop embrase,
Mal éteint.
A part être,
Une dernière fois,
Passer les ponts,
Poncer les pas,
Puis s'effacer,
Je ne vois pas.
Mais est-ce
Si sûr mes amis
Que c'est sur Siam
Que l'on misa ?
Une histoire souple, sans bords, une histoire avec un verso, sans le recto, avec un mouroir qui tend le dos sous la brise, où des conversations se plient mais jamais ne se coupent, une histoire qui n'existe que par la bouche de celui qui la sait, avec du coup de l'encre autour des lèvres ; cela vous va si bien.
L'œil de la nuit
Je ne l'ai pas fermé.
Il y a ce grain que l’on se prend, ces mains que l’on se donne, pas de présence sans éclipse, Pampelune ou ailleurs ; le soir, je reviens au Bled et note votre leurre.
S'il y a sens aux choses, ainsi qu'une grammaire attachée à la vie, c'est à la fin qu'on le doit.
Déjà, au bout du museau tendu du cadet :
Le goulot d'un quart de petit vin nantais.
Ce que tu penses être, toi, ne regarde personne.
On se parle à travers ces courtes lumières. Attendre. Il peut bien y avoir tous ces blancs d'Espagne et d'ailleurs ; petit à petit, je sens bien que je reviens.
Lire le temps : les mois à la verticale, les années de gauche à droite.
De cela, jamais l'enfance ne devrait pas avoir à se soucier.
"Ils nous invitent pour le dîner. Et, il est probable qu'ils nous demandent de rester dormir cette nuit et nous arrivons les mains vides... Je vais aller acheter du thé : ce présent du soir que l'on se passe le matin" ; comme un souvenir que l'on croit tenir encore un peu et qui déjà s'évapore. Pas plus mal parfois...
Avoir en tête que rien ne se cache, mise à part, peut-être, l'armure sous le visage.
L'arbalète, en son étrange palette d'or,
Tend sous les phalanges la fin du report.
Le froid ravit, aux gens de bois, ce qui leur restait : les minces joies du banc. Leurs doigts s'ébattent encore au bout de bien belles ficelles. Demeurent, seulement sous leurs faux-cils, d'anciens rêves en coques, ceux de vieux promeneurs sous les terres.
Nous avons souvent empoché de vieux plans de vol, jusqu'à nous pencher sous les vents des pôles. Mais aujourd'hui, nous perchons tout empesés et cherchons à nous poser, mais en vain.
Un long nez à repoudrer sans miroir ne peut se faire, au bout du compte, qu'à l'abri même de son propre regard.
Est-ce, soudain, l'élastique ou le sol qui fait que l'on se rapproche ?
Tousser du bois à une invitation, une pendaison de crimes ailleurs, à la saison morne et lente des mitrailleurs. Toujours cette gorge qui serre. Ne pas oublier l'écharde en sortant.
J'ai longé
Toute la nuit
Le jardin tiré
Au cordeau ;
Et ce matin,
Dans le canal,
On ressort la noyée
Qui crevait d'une envie,
Celle de rester.
Dix paires de fils gris-vert perdues dans l'onde,
Une pile de perdrix bonnes à plumer,
Un œuf sur un pont, un ouvrage sans réponse :
Un maigre inventaire qui en vaut bien d'autres,
Une liste au vent qui fait que rien ne pèse bien lourd.
On voudrait regarder au-dessus du mur,
Voir comment cela se passe de l'autre côté,
Mais des pierres disparaissent un peu plus chaque nuit,
Juste de quoi s'en rapprocher encore et sortir les chiens.
On voit, par le tunnel, arriver les dernières mains ;
Inutile, puisque tout s'enjambe et que tout le monde en revient.
Est-ce, ici et maintenant, que l'on s'assoit, que l'on s'incline enfin ?
Peut-être, finalement, qu'à paresser encore un peu, entre la couture et la nuit de mes poches, passerai-je toutes les gouttes ? La peine pointe au loin. Je remonte le col.
Bien que toujours perchés de dos et sourds à tout appeau, je les sentais à ma portée ; alors, pour tout assaut, je suis allé sur le fil et les ai ailés, pour qu'enfin, ils s'en retournent.
Un bouton
Sur ce quai,
Un bouquet
Dans le ton,
La branche
De ce sépia
Que j'étiquette,
Ces flocons,
Ce pays blanc
Que je tais.
Un bas effilé au grand jour a troublé un beau petit monde devant une porte maintenant refermée ; avec son effet badin en petite lame de fond : comme un peu de soie à donner ; que d'hommes, de doigts à sonner.
Le tout et son contraire nous effraient,
Et nous feraient presque taire vos contours.
J'ai aperçu Monsieur G., ce matin, sur le marché. Il est mort voilà maintenant cinq ans... Étrange sensation de le croiser à nouveau. On s'habitue à tout. Il a l'air absent, voire même un peu perdu. Pas si étonnant quand on y pense. Il m'a soufflé à l'oreille : - je me hasarde, parce que faire de la confiture alors qu'on n'a pas les fruits, je n'y parviens plus.
Une dernière mélopée a croisé le cœur de l'homme-tronc : la chute blanche d'une étoile, enveloppée, et posée depuis, sur ce bout de marbre.
Sans même s'épier, toujours inséparables, au début, puis se tenant, un jour, à bout de bras, comme tout doigt, souvent, dans ce cas, dix par être.
Les mois qui passent, détendus, quelle heure ?
Jusqu'aux poids descendus qui massent le cœur.
En cas d'absences répétées,
Prendre trois granules avant chaque repas.
Touchant du bois, le silence a bien pensé s'épeler,
Mais, trop atteint, s'est ravisé finalement, encore une fois.
Chaque jour, mon effort réside à faire des tours. Je déficèle des sacs, mon nez tâte les tas et fouille mille noms : j'empile les doutes, d'un côté, les amours, de l'autre. J'édite, l'ampoule au pied, mes petites encres. J'embouteille. Je siffle un peu, me mange une côte, puise dans mes réserves, attrape la petite clé, puis déboîte.
Un bras, avec, à l'extrémité, un chiffon qui a fait les poussières et qui s'agite à la fenêtre, s'en va dans un adieu qui se précise, chaque jour, un peu plus.
Des jambes de bois, des pieds dans l'escalier, des coups portés, le début d'une pièce en biais sans décor. On répète : une feuille, des erreurs, un œil derrière les ferrures, une opérette peut-être. Des postures, des axes, une botte secrète de belle pointure, de la soie au col, de la peinture en croix au sol, et tout en bas de cette commode, dans le dernier tiroir, qu'est-ce ?
Votre cœur, pour faire court,
J'y pose ma paume et prends le pouls.
Mais pour l'ouvrir, je vous l'emballe.
Voici le vent en sa curieuse balance rapportant à bout de bras, le monde éméché et saoul, au-dessus des plateaux, tenant, toujours près de lui, même en plein sommeil, un sac de cils pour faire la tare.
Sans parler de parvenir un jour à la cheville du fil d'Écosse,
Les pinces à vélo vernies ont ceci de pratique :
Elles ornent même, en voyage, jusqu'au mollet statique du prince
Tandis que le premier l'expédie en l'enveloppant sans cachet.
Et maintenant, que reste-t-il ?
Ne me cherche pas, je suis couché. Peut-être se verra-t-on au petit-déjeuner. J'ai encore reculé l'heure de l'infusion et l'oublie même souvent, l'heure d'été, sans doute, et l'étrange traversée.
S'égouttant, triste, à l'air clos,
Le treuil rouillé et relevé,
Garde dans sa lourde boucle
La fine trace d'un œil mouillé,
Celui de l'ours brun borgne
Guettant la truite à l'eau clair.
A s'encorder et se corner, mes doigts en coin te devancent de peu dans ta valse, mais depuis là où je rêve, je vois que je n'y suis plus pour rien.
Désormais, la difficulté pour mes lentes mains sera de faire correspondre l'arrivée aléatoire du filet d'eau plein de plomb avec le jour (ou la nuit) où je parviendrai encore, au bout de mon lit, à les porter à mon visage.
A une belle défaillance,
Celle de ce trou noir qui me fixe,
Je réponds en fermant un œil,
Puis l'autre.
Enfin, pour le perdre et le laisser sans prise,
Je cligne de l'intérieur.
Confirmant l'idée que rien ne s'est fait, ni ne se fera en un jour, certaines personnes s'octroient plus de temps que d'autres pour mourir.
Sous l'épave est la plage.
Toutes ces vies lasses, sous mes yeux,
Je les suspends comme je peux.
Il est bon de noter combien,
Au franchissement de certains obstacles,
Les cils de ces animaux
Parfois se chevauchent.
Approcher au compas
Les lignes de cette vieille vie ;
Dans ce champ de comas et d'aiguilles
La main cherche encore le réveil.
La veille, d'un commun accord, ils avaient convenu ce qui suit : le premier allait faire le cavalier, l'autre "le cheval de course" ("demi-course" avait-on rapidement rectifié, par précaution).
Bientôt, l'heure ne fut plus l'heure, les mois passèrent, les saisons défilèrent. Par les forêts, les lacs, les montagnes, le cavalier ressentait ce bonheur impossible, celui d'atteindre ce dont il n'avait même pas rêvé.
Le cheval tenait bon, jusqu'au moment où fatigué de poser ses mains sur les épaules de son alter ego, le cavalier voulut opérer une variante en prenant la crinière de sa monture ; c'est là, qu'il sentit, d'un coup, venir une petite perruque.
Ils reconnurent, tous les deux, qu'il était peut-être temps d'arrêter.
A mes trousses,
En cuir,
Et dernier cri
De surcroît.
Tous les soirs, on attendait dix-sept heures : le passage du train faisait que l'on criait, nos tartines à la main, les bestiaux, dans les wagons, tous à regarder le ciel.
De plomb,
De boue,
Camarade,
Pose cela,
Tout doux,
Terre minée
En bottée ;
Voici l'ami,
L'étrange souffle
Qui fait
Que tu vas voler.
Et en sang, montre que,
De temps en temps, à sa guise,
Comme un sablier, Grand Duc que l'on plume,
Le marteau, en un mouvement de balancier,
Monte au nez, hume l'air, puis vise,
Avant de fondre au vent sur l'arête de l'enclume.
L'instant d'une rive, l'œil se ferme aux berges,
Rêve d'un bec que l'on édente,
Avant que la tête rousse, rentrée en son cou,
Ne roule en pente douce et ne se terre.
Ce petit quelque chose qui me chiffonne, me tourneboule et me rappelle ces journées, dès l'aube, étrangement ramassées où l'on met par mégarde des chaussettes sans élastique dans des chaussures étroites et montantes : fous, alors, sont ces moments passés à boiter, en se rappelant qu'on avait pourtant pris de l'avance.
Des ans castrés à glisser, à lustrer le glas, à changer de camp, à remettre la carcasse d'aplomb ; à trop avoir envie d'écorcher une étoile, n'est-ce pas moi que j'épingle ?
Attendre.
Il peut bien y avoir tous ces blancs d'Espagne et d'ailleurs, petit à petit, je sens bien que je reviens.
Il faut dire aussi que le silence prend beaucoup de temps, son écho aussi.
Je vais à la fenêtre, me penche pour reprendre un peu de vent, et m'approcher de la Grande Ourse cachée, depuis peu, derrière les cris de la grande roue.
Deux femmes demandent à être photographiées par un homme. Il leur demande si elles sont sœurs. Elles répondent par la négative et rajoutent "seulement, les meilleures amies du monde, depuis l'enfance."
Il poursuit : "Alors, depuis le début, on vous a menti."
A cet instant, il goûte le bel effet de ces quelques mots, prend la photo, pose l'appareil et s'éloigne.
Hanté, las, un thé en main, hâté, lent, je me brûle. Le cœur haletant, maintenant, je vois bien que de nos mues, ni les plumes, ni la peau ne passeront l'été.
De sa longue langue étrange et rentrée, la dyslexie fourche l'âme. Qu'elle en soit remerciée chaque jour.
Petit homme à la chaine, une ombre t'appelle et va t'ôter : la brise s'emploie, en écho conique du porte-voix, à filer et toucher la foule fétiche.
Je prends et lance fort mon pinceau en poils de poney sur une étrange toile tendue de peau neuve et enduite aux essences de pin polaire. L'encre, partant en lasso, rattrape ma pensée et fait qu'on y voit ce qu'on devait finir par y voir : un trou doublé d'un nœud coulant.
J'avais bien encore quelques rêves,
Mais je savais bien que les nuits allaient me manquer.
Au petit jour,
Il y a cette forêt
Que la nuit
A frôlée d'une hache.
Un petit jour
Découpé,
Selon les points
Titillés,
Peut fourmiller
D'idées.
A l'heure des repas, l'homme s'ennuyait tellement, que distraitement il faisait à manger pour deux. Il mit longtemps avant de trouver quelqu'un pour tenir les chandelles.
Le cœur trébuche sur des souvenirs et berce en secret des rêves sourds, se perd dans des dédales d'archives qu'il se garde bien de chasser.
A se dérouler comme prévu, les jours ne livrent rien. A l'inverse, vu de près, à la lunette, certains instants suspendus ont vu naître des vocations de danseur-étoile.
Je me souviens encore d'un siège en bois retiré d'un vieux tram, d'un buffet bas avec cette petite plaque d'émail doté de ce message noir sur fond blanc :"Demander l'arrêt au receveur" ; tout cela, remisé au frais, dans le caveau du père de mon père. Au double sens familial qu'a pris, au fil du temps, cet endroit, cette plaque y aurait, aujourd'hui encore, toute sa place. Je l'en ai ôtée, j'ai laissé de bonnes bouteilles, à côté du siège.
Le bruit n'est pas celui du phare, où je suis de quart, mais bien celui du frottement de mes mains cuites sur deux vieux silex. C'est avec eux, cette nuit encore, que je pars, soulever l'aube.
Dehors, au matin, les falaises en rétine ; dedans, le thé bouillant d'aubépine coupe la porcelaine en un fil, à l'anglaise, par la soucoupe, puis suit, en fissures, la tonnelle sous ma manche, jusqu'à l'or étrange de longues figures blanches.
Le poinçon lourd,
Embout de lignes,
Flèche les babines et les jours
En un fin filet de rapines.
Toute ta rive
A qui sait t'étendre.
Là où ne vas pas le ressac :
Un cimetière marin
Comme une boîte en fer
Pleine de bateaux secs.
Nos retours, nos départs ne valent
Que pour et par nos retrouvailles.
Petit tas, petite baie, c'est moi, rapetissé. Ce cou, deux coteaux, c'est nous en photo : droits, peaux lissées. Et moi, toujours en regard d'un train, à me demander pourquoi le chien du forgeron n'a pas de fers à ses sabots.
Je tourne le bouton du haut
Me retrouve à l'intérieur,
Avec ma main
Sur votre cœur à claire-voie.
Lorsque je suis assis dans la cuisine, face à la fenêtre, je distingue deux étages : les jambes des uns, les têtes des autres, de quoi assouvir mon penchant naturel pour le collage.
Triste
En corps,
Bière.
Ce livre qui n'a, pour lui, que le milieu,
Je ne sais, par où, l'ouvrir.
La tomate en lanières retombe à la fin de la coupe, météore vermillon ; là, maintenant, à se reposer, l'âme tranquille, entre deux cierges, à cuire.
Arriver en avance à un rendez-vous
ne s'apparenterait-il pas à un manque d'imagination ?
L'homme me confie : "C'est toujours le même rêve. Il y a un fiacre. Je demande la lune. On me répond - "Tout de suite" -. On m'y dépose. Peu de temps après, le fiacre disparaît. Et cela, je ne le supporte plus."
Du poids de cent heures, je fais des bouquets.
La mémoire me joue des trous et m'ouvre un tiroir. Je repense, en partant, à ces hommes touchés : voilà des cœurs criblés de balles appliquées qu'aucune main avisée, même par le braille, n'aura jamais la lecture.
D'une raie lourde,
La tête tombe,
S'use et espère,
Sous des pics et des fleurs.
Mais dans le vent
Et la bile,
L'immense roue
Laide ruse encore.
Après la mouche qui accouche en bord de fenêtre, me voici de taille, ailé à mon tour par un inconnu. De ce pas, bien élevé, je vais donner suite ; mais enfin, du nœud, pape au vent, jusqu'à la terre promise et battue, y aura-t-il vraiment hélice ?
Je ne me réveille pas au petit matin, mais à la petite nuit. Je repense à tout ce grand déballage, aux valises que nous mettions avec peine dans le train et à la fois où je suis resté sur le quai. Mes pieds dépassent encore de la couverture, mais moins qu'avant. Je l'ai noté dans mon carnet. Je note tout dedans. Je le cherche parfois pendant des jours. Hier, il logeait sous la corbeille à fruits. Vide. Je me rends chez le coiffeur deux fois par semaine. J'y emmène le chien pour chasser le client. Votre dernière visite nous a fait plaisir. Depuis nous avisons, défaisons nos ourlets, perdons le fil. Je détricote. Je prends le temps.
Il y a ce va-et-vient incessant ; prévisible du même coup. On a essuyé des revers mais esquivé la dernière touche. On s'en sort d'un bel écart, sous une balle, à l'équerre. On se retourne sur ces traces.
Le soleil est bas maintenant. Bien penser à faire les vitres demain matin.
Derrière, par un drap qui les cache,
Deux hommes font des vagues
Sur le port de la moustache.
Ni une étiquette, ni une boîte de métal, plutôt une enfance derrière des palissades, puis plus rien, parce que la nuit s'abat comme un inventaire de vies : des cheveux taillés au couteau, de l'eau oxygénée, un secret en tenaille, un jeu de cartes coupé mille fois, un feu dévorant, un ami qui se meurt, puis deux. Soda Pop n'est pas celui que vous croyez.
Lorsque je respire, au matin, vos paupières se soulèvent. Je me mets alors à rêver que j'ai deux cœurs et que nous sommes le monde.
Une histoire Da romance bien un général et son chapeau de cartes en Espagne : de ce creux, on sort une nouvelle campagne. L'ennemi ferme ses fenêtres avant d'être finalement tiré sur le volet. C'est un western au galop mécanique avec des éperons en coups algiques dans la chair, avec la selle qui blesse, avec la belle qui se laisse faire : on dévore des peaux de cornes salées, trop, jusqu'au coucher du soleil offert comme une orange de plomb, les doigts grattent le fond de la boîte. Le rideau ne tombe pas. Il n'y en aura plus. Se décider à sortir, réapprendre à marcher et s'ôter de ce mauvais pas.
Bien des choix
Se foncent en moi :
Des chiens en bois,
Rabat-joie,
Se lèvent
En barrage
Quand j'aboie.
Un balayeur
Nous fait la cour,
En silence.
Ton île flottante,
Des gommes
De pin
Par la fente ;
Mise au parfum,
Ce qui reste
De ma gorge
S'en lamente,
Toujours cela
De pris.
A l'enfant incertain qui se lave une main sur deux, je demande qu'elle en est la raison. Il me dit que l'autre main l'aide à se souvenir.
Cette petite poussière, ce matin, je l'ai vue sans père. Déjà, là-haut, peut-être et de ma main-pichenette, par dessus le marché.
Des binettes cassées, une centaine tout au plus, à l'entrée de l'ancien cimetière, n'y manque que les visages et les âges. On en fera peut-être un jour un champ de courses ou bien une cour avec des gens debout. Maintenant que je vois par dessus les murs, je préfère ne pas trop en dire.
S’agissant de la paire de rouflaquettes, même pendant les vacances, qui, au vent, dans une absence, frotte jusque dans la tête, veillez, après le passage du blaireau, à éviter à la lame une belle embardée, toujours penser à égaliser, par principe et précaution, les yeux ouverts et avec méthode : au moins, en partant du bas de l’Anjou jusqu’à Menton, et s’y tenir.
A t'attacher davantage à la forme qu'au fond, tu finiras bien par marcher sur l'eau.
Ai-je suffisamment cherché
Pour pouvoir annoncer
Qu'il n'y avait rien ?
Finiras-tu par le croire ?
A ce papier mâché, j'ai fait voir le jour et la nuit, il fallait bien que je respire. Je l'ai tenu au chaud, je lui ai parlé, deux ou trois choses que j'avais en tête. Il a fini par oublier ses propres secrets. Il a bien fallu que je l'avale.
Les yeux
Dans
Le halo
Faisceau,
Vent,
J'éter-
Nue.
Combien faudra-t-il encore de temps
Avant de faire comprendre
Que l'absence n'est qu'une figure de style ?
Même sous la pierre
Continuer de parler,
Histoire de meubler,
Et d'éviter l'écho.
Je rêve
De ce vélo vert
Contre ma tempe,
D'une belle détente,
Comme un flottement,
Une broutille à la mort,
En attendant
Un nouveau cycle.
Après des années,
Le fils réapparaît
Mais en robe de soirée,
Avec, dans ses mains,
Des fleurs de montagnes :
- Je suis revenu
- A notre grand dam...
- Merci, pour ce toast porté.
Du jeu moite des autres
Jusqu'aux mots de l'âtre,
De nos mains à nos lettres
Nous avons approché mille feux.
L'homme avait été prisonnier pendant plus de cent ans, avec d'autres, morts depuis. En fémur, il avait taillé des dés, en mesure, un par an, et faisait des sept comme d'autres font des histoires, avec et pour un rien. C'était petit et rangé dans la poche. Il ne sortait que pour les points, qu'il inscrivait chez l'épicier pour mémoire, sur son ardoise.
Le boucher guette et veille
A ce qu'aucun ragot
Ne parvienne à son oreille,
Dès qu'il a le tournedos.
Le plus drôle dans tout cela, lorsqu'il a été emmené, c'est qu'il avait des chaussettes en laine rouge, comme s'il avait su, dès le matin, que quelque chose de mauvais se tramait.
A l'image de Kennedy à Dallas, tout à la fois et dans la même seconde, debout et libre, mais un peu abattu : j'ose en laisse, puis plus rien. Alors couché, j'ai fait un rêve : défendre, en pacifique, une côte capitale, celle de l'os en gelée.
On sait
Maintenant
Qu'on ne
Gagnera
Pas tout,
Mais
La plaine,
Avant ce soir,
Cela serait
Déjà beaucoup.
J'ai surpris votre voix claire comme sortie de la glace, de celles qui transpercent ; le cœur bruyant, comme il y a longtemps, juste un peu après la première tasse de passe-matière, celle qui fait que l'on traverse les murs et le reste, celle qui fait que l'on ne revient jamais vraiment.
C'est ce bleu de fontaine, celle d'une place, qui fait que je tiens encore ; qui fait que je laisse, si lasse pourtant, mes orbites ouvertes griffées ; qui porte encore mes genoux ramassés ou des embouts de bras, je n'ai jamais su, ni relevé.
Comment suis-je certaine de ce bleu ?
L’usure fait toujours ce cadeau : votre visage se teinte en marge et en contour d’une fine et seconde couleur, celle des yeux que l’on vous a ôtés au moment de la pose alors que vous étiez à l’oblique, portée par des corps, dans le miroir de l’onde.
Un seul hêtre
Vous manque
Et tout
Est peuplier.
Cette petite nuit de pleine lune a fait tomber cette vieille barbe ; et du même coup, a agrandi ce visage. Au matin, tout réapparait comme avant, mais ailleurs.
La nature est si bien faite qu’elle prévoit dans son cycle, la colère des cantonniers et des outils pour leur peine.
Bien que retenue,
L’idée du rond point
Fut finalement abandonnée
Au profit d’une bretelle.
Sans vraiment
L'air d'y toucher,
Opérant toujours
De derrière,
Le géant triplait
Chaque planète
Qu'il attrapait.
Voilà, qu'à présent,
C'est la planète bleue
Que le colosse copie.
Des coteaux d'ondes aux sémaphores :
Des plaines, des rives et des corps ;
Chaque soir, sous des cotons d'eau,
Les rides reviennent aux pores.
J'observe depuis un bon lustre
Une communauté de lenteur
Celle des tanneurs
Avec le temps
En son sein
Qui
S'étire
Ne dit mot
Ferme les pelées
Les rouvre, s'en sort
Comme toujours, seul au monde.
Emboiter le pas des têtes en quinconce et sans chants, cacher le feu et tondre les émois sur la pointe des pieds : on charge la desserte des dernières vieilles bronches. On émonde les étoiles, azur et petits pions. En tout étau de case, à la fonte des voix, dans une foire sans nom, on démonte.